
Depuis trois semaines, le Trésor public fait l’objet de pression, de dénigrement, d’acharnement de tout genre et de menace de la part de l’Exécutif. Ce dernier veut que le Trésor public débloque la somme d’environ 40 milliards d’Ariary sans suivre la procédure normale. Le limogeage de l’actuel directeur général du Trésor Public, Orlando Robimanana est le prix à payer par cette institution financière publique si le personnel ne se plie pas à sa volonté. Les délégués du personnel du Trésor s’insurgent donc contre ce qu’ils appellent le recul de la bonne gouvernance. Or, depuis ces six dernières années, cette institution s’est fixée comme objectif de rétablir la bonne gouvernance, le retour à l’orthodoxie financière ainsi qu’à l’Etat de droit dans le pays. Les avis du personnel du Trésor ont été fermes hier, lors d’une rencontre avec la presse à Antaninarenina, qu’ils ne vont pas céder face à toutes ces pressions.
« Non à la gabegie financière »
« Nous n’accepterons jamais le retour de la gabegie financière, un phénomène qui a appauvri le pays depuis ces 50 dernières années », ont-ils clamé.
« Ce n’est pas la première fois que le Trésor public fait l’objet de tels agissements de la part du pouvoir en place. Le principe de la bonne gouvernance devrait être respecté, notamment à travers le principe de la séparation entre l’ordonnateur et le comptable public. Par ailleurs, dans les sociétés d’Etat, le ministère de tutelle a tendance à s’immiscer dans la gestion financière de ces dernières. Or, c’est la loi qui l’interdit de le faire», a expliqué la présidente du délégué du personnel de la Trésorerie, Voahanginirina Alberte. Elle de poursuivre que certaines hautes personnalités veulent passer outre les différentes procédures de déblocage de fonds au niveau du Trésor. La confusion règne entre le pouvoir d’Etat et la gestion financière dans ces sociétés d’Etat.
Trois projets de lois ont été votés et promulgués par le président de la République l’année dernière. Ces trois lois prônent le retour à l’orthodoxie financière, à la bonne gouvernance et à la transparence. Il s’agit entre autres de la loi N° 2014-012 portant réforme de la gestion de l’endettement et de l’octroi des dettes garanties par l’Etat ; la loi N° 2014-013 portant réforme sur les procédures de répression des infractions budgétaire, comptable et financière ; la loi N° 2014-014 portant réforme de la gestion du portefeuille de l’Etat dans les sociétés à participation. L’application de ces lois, notamment la dernière fait ainsi l’objet d’un obstacle actuellement puisque les ministères veulent que les sociétés d’Etat à participation de l’Etat leur soient rattachées.
Rivo Rakotovao, l’instigateur ?
Interrogé sur l’identité des personnes qui fomentent des menaces à son encontre, le personnel du Trésor a tenu à garder le secret. Néanmoins, le nom du ministre d’Etat, Rivo Rakotovao circule dans les couloirs.
A ce titre, d’ailleurs, le communiqué du conseil de gouvernement de mardi dernier est fort laconique, une manière de faire plus que suspect et qui ne fait que confirmer ces rumeurs. En effet, il y a été dit au titre des communications du Ministère d’Etat en charge des Projets Présidentiels, de l’Aménagement du Territoire et de l’Equipement : Approbation de la communication relative aux modalités de rattachement des sociétés commerciales à participation publique.
Le bruit court également qu’une convention entre trois ministères est actuellement en cours d’élaboration pour contrecarrer ces trois lois. Mais le personnel du Trésor estime qu’une convention n’a pas le pouvoir d’abroger une loi. Pour l’heure, aucune autre manifestation n’est encore prévue par les fonctionnaires du Trésor. Ainsi, tous les membres du personnel vont poursuivre chacun leurs activités quotidiennes.
Dimisoa
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