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Reflets des dessous de cartes pour les élections

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Clé de la porte de sortie

Sortir de la crise, unique objet de la préoccupation prioritaire de la population, élection unique clé agréée  par la communauté internationale et acceptée comme telle par une grande partie de l’opinion nationale pour ouvrir la porte d’une sortie de crise. Les gens sont guéris des élections, nombreux n’y accordent plus foi en leur valeur d’expression démocratique. Actuellement on ressent une manifestation de réticence d’une partie des citoyens à contribuer au recensement, peut-être que pour avoir raison sur cette attitude récalcitrante on peut mettre l’accent sur la vertu rédemptrice du rôle  dévolu aux  élections qui se préparent.

Une manifestation de volonté pour mettre un terme à la crise  

 La tenue des élections reste incontournable, tout nouvel atermoiement, après les remises sine die à des rendez-vous promis à chaque fois à grands renforts de spectacles, renverrait à la case départ dans la situation inextricable de concilier des prétentions inconciliables. Les élections telles qu’elles se présentent ne bénéficient certes pas de conditions idéales si l’on en juge par une absence de consensus des tendances politiques parmi lesquelles certaines vont s’en exclure voire mener une campagne de boycott. Ce n’est pas une nouveauté, la classe politique dans son intégralité s’est disqualifiée d’elle-même par son incapacité à trouver une entente ne serait-ce que sur les règles basiques du jeu. Evidemment l’équipe au pouvoir à chaque fois rafle la mise de ceux qui n’ont que la bouderie pour exprimer leur opposition. En Mai 2013, premier rendez-vous aux urnes après l’instauration d’un régime qui aura allègrement franchi quatre ans de pouvoir sans l’onction d’une consultation populaire, les élections ont une double vocation : la plus importante consistera à exprimer par le taux de participation la volonté de sortir de cette crise, et par là à émettre un avis cinglant en sanction de l’incapacité des acteurs politiques de trouver par eux-mêmes une solution, trois années passées en de vaines palabres. Aucune formation ne sera autorisée à prétendre tirer vanité d’une forte participation, seul le peuple pourra puiser satisfaction, pour une fois il aurait eu l’occasion de dire vertement son fait aux femmes et hommes politiques en leur adressant un vertueux « bras d’honneur » en sanction de leur inaptitude morale à dépasser les profits particuliers à l’avantage de l’intérêt général alors qu’ils ambitionnent de conduire les affaires publiques.

Les entrepreneurs d’une non-participation aux candidatures et d’une campagne de boycott des urnes ne trouveraient pas plus grâce dans le cas de figure d’un faible taux de participation. Vivre en marge des institutions en vigueur et inciter la population dans cette voie ne sont pas dignes d’un combat politique, une fuite de responsabilité si cette initiative ne s’accompagne d’une responsabilité à assumer une révolte factieuse déclarée. Les menées séditieuses trouvent souvent argument de légitimation quand la réussite couronne l’entreprise, mais elles restent condamnables quand elles ne contribuent qu’à semer le trouble et à amplifier le désordre. Souvent elles se satisfont à fixer des objectifs (renverser l’ordre établi légitime ou non, légal ou non) sans en posséder les moyens pour y parvenir et sans proposition d’alternative crédible en cas de succès accidentel.

Derrière cette vocation de sortir le pays de l’impasse, derrière cette opportunité donnée à la population par une participation massive de dire vertement « m… » à la classe politique pour l’incompétence à avoir plongé si longtemps le pays dans la boue, il reste une mince chance avec moins de risque d’être trahi que dans le passé, de faire son choix parmi les moins pires. A bon droit, comme tous les autres, les externes à la feuille de route s’imaginent être meilleurs que les mauvais, à la bonne heure ! Bienvenus dans la cour des concurrents. Si d’aventure les élections viraient à n’être qu’une grosse farce, ils ne seraient pas les seuls perdants. En admettant même que l’on puisse faire à l’avance un procès d’intention à l’endroit de la communauté internationale, ce serait faire injure au peuple que de supposer qu’il puisse passer outre sur une vaste escroquerie. Peut-être que nombreux tremblent à l’avance dans l’hypothèse d’une avalanche d’électeurs, « plus il y a de votants, plus la population s’amusera et rigolera ».

Des limites à double sens

Des opposants ou simplement concurrents face au courant majoritaire, qui ont assuré de leur participation effective l’accompagnement à la feuille de route ou qui ont manifesté à l’inverse une réserve en déclinant toute adhésion à l’une quelconque des institutions, ont déjà exprimé une intention de s’aligner dans la course des élections, et dotent ainsi d’une crédibilité sérieuse la perspective d’une tenue d’élections. Cependant des mouvances politiques suspendent à des conditions leur participation aux élections, des conditions qui s’apparentent étrangement aux préalables qui ont conduit toutes les négociations à des impasses. Or dans la situation actuelle aucun instrument ne peut donner une mesure fiable de l’influence respective que possèdent les prétendues forces dans l’arène. Cette réserve à l’avance obère en partie la valeur que l’on peut escompter des résultats des élections. Mais puisqu’il s’agit d’une relativisation annoncée, elle ne saurait surprendre à moins qu’une masse d’abstentions ne déferle telle une houle propre à réussir le « casse du siècle » sur les élections « modèles du siècle ». Le risque n’est pas à minimiser si les partisans de Marc Ravalomanana dont la participation semble compromise, viennent grossir la vague des contradicteurs des élections qui attendent l’opportunité de produire une déferlante à effet tsunami.

Tous les efforts se focalisent à l’opposé à relever le défi pour tenir les engagements, avec l’espoir affiché de réussir coûte que coûte la tenue des élections. Il est des signes qui ne trompent pas sur la volonté ou la conviction quant au maintien du calendrier des élections : on se bouscule de façon prématurée sur la ligne de départ, certains rentrant déjà dans les starting-blocks et à l’intérieur des stalles de départ et commencent à faire l’objet de pleines brouettées de critiques de la part de leurs éventuels adversaires, lesquels en émettant des remarques acerbes ne loupent pas l’occasion à leur tour de chausser de grosses chaussures de candidats déjà eux aussi en précampagne.

Nécessité d’une chaîne solidaire et crédibilisée

Les mauvais coucheurs ne manquent pas à l’occasion des consultations populaires, les occasions de manipulation du vote et de tricherie non plus. L’expérience a suffisamment instruit l’opinion quant à une présomption de malhonnêteté qui pèse sur l’ensemble des candidats et de leurs militants respectifs. En matière d’élection la présomption d’innocence procèderait d’une naïve innocence. A priori on part de l’hypothèse qu’aucun candidat ne raterait une occasion honnête ou non de faire pencher la balance en sa faveur. Des petites astuces se trouvent à toutes les étapes, aussi dans l’optique de donner la plus grande crédibilité aux élections, on se trouve dans l’obligation de baliser toute l’organisation par une police indépendante. L’entreprise qui consiste à mettre en place une chaîne de sécurité est à la fois difficile puisqu’il s’agit de renforcer les mailles, et tout aussi facile du fait que presque toutes les tendances se sont succédé au pouvoir et connaissent les endroits où se situent les failles. Tout le monde s’accorde en effet à reconnaître que disposer de la puissance publique a comme corollaire de détenir les plus gros moyens pour fausser les conditions et les résultats.

Un principe a réuni l’unanimité des avis : arracher l’organisation des élections hors de l’autorité du pouvoir, et instituer en conséquence un organe indépendant. La mise en place de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) matérialise la réalisation de cet assainissement voulu par tous. Les responsabilités de cet organe sont multiples à divers échelons, ses activités nécessitent à tous les niveaux des mesures propres à assurer une crédibilité à l’ensemble de l‘entreprise « élection ». Il ne saurait être tolérer un maillon faible dans cette chaîne au risque de faire chuter tout l’échafaudage  sécurisation.

L’indépendance a pour but de permettre à l’organe d’assurer sa mission en toute impartialité. Une lapalissade que de rappeler que les moyens et les finances conditionnent en premier la fonctionnalité d’une indépendance. En ce domaine la Ceni de la Transition telle qu’elle est, n’est pas en reste, les prétentions qu’elle a annoncées ont même fait l’objet de sourdes mais acerbes polémiques. Des sommes qui se déclinent en centaines de milliards Fmg, ont de quoi faire dresser les cheveux des responsables d’autres institutions et organes. Le public pipole retient davantage les chiffres que coûte chaque commissaire de la Ceni-T, mais ne s’en émeut pas plus, estimant sans doute que la mission qu’on leur confie justifie le salaire qu’on alloue aux membres de cet organe au même titre que les dépenses énormes réservées aux grands serviteurs de cet Etat que l’on dit pauvre par ailleurs.

L’indépendance financière en principe assurée, bien que l’on doive leur tirer les oreilles pour que les institutions engagées pour ce financement débloquent les crédits, il reste à la Ceni-T d’assurer son autorité de police des élections. Les moyens de rappeler à l’ordre et d’imposer des sanctions en conséquence n’apparaissent pas évidentes, encore qu’il existe des recours juridictionnels pour statuer sur les litiges et contentieux électoraux.

L’indépendance d’une juridiction électorale

L’initiative de mettre en place une juridiction spéciale prête nécessairement le flanc à des critiques, parmi les quelles la suspicion de s’assurer une justice à la botte n’est pas la moindre. L’institution d’une Cour Electorale Spéciale pour ces consultations populaires au démarrage d’une 4e République n’a pas échappé à la règle d’une avalanche d’objections. La procédure qui entoure de précautions la désignation des membres de cette Cour a vite fait d’avoir raison des suspicions de partialité. L’adoption de la loi instituant cette Cour Electorale Spéciale, en pareilles circonstances, a nécessité deux passages devant le parlement. On ne peut malgré cela éviter l’hypothèse d’un troisième passage. Le récent atelier sur les élections qui s’est tenu à Ivato a mis en évidence une incohérence dans les dispositions de la loi. Le hiatus ne porte pas de graves conséquences, une erreur matérielle dans le tempo du moment d’entrée en fonction, erreur sujette à correction sans préjudice à la construction, mais qui rappelle l’obligation à une grande attention et à de profondes réflexions. Tout simplement la loi stipule la mise en place de la Cour un mois avant la tenue des élections, alors que par ailleurs elle dévolue à la Cour  la charge de « réception des dossiers de candidature à la présidentielle », formalité ouverte trois mois avant le 8 Mai 2013.

Voter, un pari sans risque pour l’électeur

Pour une fois, une première qui en cas de succès ne permettrait plus de revenir en arrière, l’adoption de réelles précautions et l’implication de la communauté internationale donnent à des élections dans le pays les chances d’assurer d’une bonne crédibilité et le déroulement des opérations et les résultats sortis des urnes. Les risques de trahir le choix des électeurs sont réduits, et si d’aventure se manifeste encore une tentative de hold-up la voix des protestations a des chances d’être entendue et de porter des effets en conséquences.

René Cyrille


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