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Un des partenaires et bailleurs de la Grande île vient de dévoiler les grandes orientations stratégiques de son Programme indicatif national (PIN) pour les six prochaines années. Si à chaque annonce, le contenu d’un appui financier intéresse d’une manière générale, elle n’interpelle cependant pas autant que les questions tournant autour du montant de l’intervention, mais aussi et surtout le moment du décaissement. C’est particulièrement vrai en ce moment lorsque l’on sait que presque un an et demi après le fameux retour à la normalité constitutionnelle, marqué par l’accession du premier régime de la quatrième République au pouvoir, les aides étrangères tardent. Dans le sillage des élections de 2013 et des espoirs qui s’ensuivirent, les promesses de soutiens financiers ont effectivement été légion, sans pour autant qu’elles soient passées au stade de la concrétisation jusqu’à présent.

Mais les autorités en place qui se languissent de l’arrivée de cette manne financière, devront visiblement encore prendre leur mal en patience. Et pour cause, s’agissant notamment de l’instance européenne et du 11ème Fed, la définition et la mise en œuvre d’une véritable politique nationale de développement, avec tous les axes stratégiques que cela suppose, reste une condition sine qua non au déblocage des fonds. Pour d’autres, il ne fait aucun doute que la communauté internationale est encore en phase d’observation, en train d’épier les moindres faits et gestes de ceux qui sont censés gouverner le pays en matière de gouvernance, d’Etat de droit et de réconciliation avant d’ouvrir les vannes. Des pays comme les Etats-Unis ne s’en sont d’ailleurs pas cachés et au bout du compte, l’insistance des tenants du pouvoir pour la poursuite du processus de réconciliation s’explique sans peine. Et ce, même si celui-ci est tout près de devenir une coquille vide – si ce n’est déjà fait – étant entendu qu’il ne déchaîne guère plus les passions et est en mal de financement. Pareillement, sur ce dernier point, pour les rues et routes du pays, l’enlèvement des îlots d’ordures de la capitale, le paiement des bourses d’études, l’application des décrets de revalorisation des émoluments des enseignants-chercheurs, le redressement de la Jirama, … et la liste n’est pas exhaustive.

Bref, le nombre de chantiers à entreprendre n’a d’égal que leur étendue et le gouffre financier empêchant leur réalisation. Et dire que (sans antinationalisme aucun), l’on se permet encore de parler d’ingérence lorsqu’un représentant d’un pays bailleur qui plus est, établi au pays « ose » livrer une opinion à propos d’une décision touchant une institution investie d’une mission quasi-sacro-sainte dans la gestion des deniers publics. Bon, l’affaire est maintenant bel et bien révolue mais ce genre de mini-scandale a sans nul doute le don de conforter l’atermoiement des bailleurs.

Au final, qui détient la clé ou, du moins, le code du coffre-fort qui permettra aux caisses de l’Etat de se renflouer ? Dans tous les cas, ce ne serait pas de trop de rappeler qu’on ne prête qu’aux riches, selon l’expression consacrée qui ne renvoie pas obligatoirement à la capacité de remboursement ou à la solvabilité du débiteur mais bien à la possession, par ce dernier, d’une vision de développement, ainsi qu’à son respect des grands principes de bonne gouvernance.


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