Vite, vite, profitons encore des sachets plastiques ! Il nous reste une petite dizaine de jours pour dire adieu au sac plastique qui avait su s’imposer dans le milieu coloré des sobika et des sacs en papier. Entre l’annonce officielle du départ à la retraite du sachet plastique et sa disparition effective, il n’y aura pas eu de période transitoire pour s’habituer aux matières modernes qui le remplacent ou pour se réhabituer aux paniers traditionnels.
Les commerçants sont toujours très généreux quand il s’agit de proposer des emballages en plastique, même quand le client pourrait s’en passer. Au marché, vous trouverez encore des enfants qui déambulent, une pile de sachets sous le bras : deux cents ariary l’unité, pour ne pas salir votre précieuse sobika. La date butoir approche ? Eh bien, nous aviserons en temps voulu…
Pas très loin du marché, quand ce n’est pas à proximité immédiate des étals de fruits et de légumes, les chiffonniers fouillent les bennes à ordures pour y trouver des objets qu’ils recycleront pour leur redonner une nouvelle vie. Ils savent bien que rien ne se perd et que tout, ou presque, peut être transformé.
Il n’y a pas si longtemps, chiffonniers ou pas, nous étions tous des experts en recyclage. Mais nous n’aimons pas nous souvenir de cette période de vaches maigres où on était inventif par nécessité plus que par goût, créatifs et débrouillards par obligation. C’était bien avant que nous exigions notre place sous le soleil de la consommation, du prêt-à-manger et du prêt-à-jeter.
Effet pervers de la modernité, nous nous sommes pris de passion pour le sachet en plastique qui incarne l’accès à la consommation. Pas cher sinon gratuit, c’est l’emballage des frites, des sambos ou de la part de pizza du vendredi magnifique ; de la clarinette ou du yaourt à boire que l’on s’offre à la sortie de l’école ; des brèdes et des oignons achetés en rentrant le soir. Pratique, c’est sûr et peu encombrant.
Mais notre enthousiasme pour le plastique ne s’est pas accompagné d’un intérêt nouveau pour les matières biodégradables, comme les fibres des sobika traditionnelles si prisées des consommateurs du monde occidental. On se souvient que pendant la dernière saison des pluies, l’usage inapproprié des bouches d’égout qui nous servent de poubelles municipales a montré qu’il était plus que temps d’abandonner les sachets plastiques. Les chiffonniers l’ont bien compris : quand ils partent à l’assaut des bennes à ordure, rien ne leur échappe mais ils ne s’encombrent pas des sachets plastiques.
Kemba Ranavela