
Un long, très long chemin à parcourir. Il n’y a peut-être pas que la liberté qui soit difficile à conquérir. Après plusieurs mois d’exercice du pouvoir, les dirigeants actuels peuvent en témoigner aujourd’hui. Que le changement est plus simple à formuler qu’à réaliser. Il est aussi clair que quand on vit depuis plusieurs décennies dans la dénégation, il est difficile de retomber les pieds sur terre. C’est l’expérience que vivent ces temps-ci tous les ministres, et c’est devenu presque une habitude. Tous se plient à la volonté d’une frange d’une entité à chaque prise de décision. La preuve, les transporteurs des poids lourds interdits d’entrée pour une durée limitée dans la capitale viennent d’avoir gain de cause. Désarmais, ils peuvent circuler librement en ville dans la journée. Une victoire de plus pour ceux qui veulent ignorer la loi et une autre preuve de faiblesse pour un régime censé mettre en place un Etat fort. Qu’ils sont loin les slogans brandis lors de la présidentielle.
La faute à la démocratie. Si nous sommes tombés si bas, entend-on souvent, c’est parce que nos politiciens ne sont pas à la hauteur. Ils sont, semble-t-il, les principaux responsables de nos malheurs. Eh bien depuis que les dirigeants ont tous été obsédés par leur propre réélection, le sens de l’État et du patriotisme n’est plus. Tous ont peur d’effaroucher les viviers de voix. Il suffit de voir comment les marchands ambulants imposent leur loi ou comment le syndicat des employés de la Commune urbaine d’Antananarivo ont poussé la HCC à rejeter le nouveau statut de la capitale pour le comprendre. Bien sûr, on pourrait s’attarder sur le parcours peu reluisant de l’élaboration de la loi sur les communes à statut particulier, sur la volonté d’apaiser la tension dans un contexte bouillant, ou encore sur la nécessité de ratisser large pour avoir un semblant de consensus afin parvenir à mettre en place des textes pérennes. Mais les fait sont là, et ils sont têtus, que le régime a cette fâcheuse manie de faire machine arrière à chaque fois qu’un mouvement de contestation de se profile. C’est peut-être pour cela que le syndicat des employés des Domaines et les greffiers persistent à maintenir leur grève. Car tôt ou tard le régime finira par plier. Depuis hier, ils ont mis leur menace de grève illimitée à exécution ignorant au passage les usagers de leur service respectif.
Quoi qu’il en soit, le régime n’a qu’un seul choix : soit il met en marche sa volonté de réformer à tous les étages de l’Administration, en acceptant tout ce que cela suppose de conséquence au niveau de l’électorat, soit il revient à la méthode archaïque de l’ancien régime en jetant à la poubelle les slogans inutiles. Tel est le choix qui s’offre aujourd’hui et c’est une évidence qui crève les yeux. Le pays ne pourra toujours pas continuer à nager entre les deux rives, comme c’est le cas actuellement. Que les responsables censés éclairer l’opinion tranchent et oublient de se noyer dans la fatalité.
Tsiry Andrianina
Cet article Entre deux rives est apparu en premier sur NewsMada.