
Montée des eaux dans les parties Nord et Nord-ouest de Madagascar, de l’eau de robinet boueuse dans la capitale et ses périphéries, et paradoxalement, la famine dans le Sud de la Grande île, à cause de la sècheresse et notamment l’insuffisance de l’eau potable. Dame nature semble nous jouer un vilain tour. Mais la réalité est que le pays a un problème grave d’eau, cet or bleu. C’est pour cela peut-être que tout tombe souvent à l’eau.
A priori, la gestion de l’eau pose problème. L’inexistence d’une politique appropriée en la matière y est certainement pour quelque chose. Le ministère de l’Eau existe pour s’en charger, mais la ministre de tutelle aurait encore d’autres chats à fouetter. Le problème des ordures, dans cette politique d’ordures de l’Etat, qui l’amène à engager un bras de fer tendu avec la commune urbaine d’Antananarivo la préoccupe davantage. Beaucoup plus que la propreté et la potabilité de l’eau qui coule des robinets des Tananariviens ou encore la montée des eaux dans les autres régions de la Grande île.
La montée des eaux a coupé la circulation à Mampikony, et le pont s’est affaissé à Manakara Be, dans la région Vatovavy-Fitovinany à cause de la crue. Les travaux publics ont une part de responsabilité importante à prendre pour résoudre ce problème dans l’immédiat. Mais dans le fond du problème, il y a l’insuffisance des infrastructures d’irrigation qui est souvent à l’origine des inondations. C’est le cas pour la capitale, mais aussi pour de nombreuses villes de Madagascar, pendant la saison des pluies. Et cela relève, entre autres, de la politique de l’eau.
L’on dira peut-être que les inondations et la famine sont des phénomènes naturels. Or, ce sont des phénomènes dus au changement climatique qui résulte de la perturbation de l’écosystème et notamment du cycle de l’eau. La perturbation en soi est due au non-respect de l’harmonie de la nature, à cause d’une politique environnementale inappropriée et d’une politique de l’eau inadéquate.
Pour pallier le problème d’eau dans le Grand Sud, il suffit d’une politique d’irrigation adaptée au pays, comme c’était le cas du projet pipeline dans la région Anosy, particulièrement à Ambovombe. Mais le manque d’implication de part et d’autre des parties prenantes l’aurait voué à l’échec. Il fut également un moment où l’on a rêvé d’exporter de l’or bleu dans les pays arides arabes. Un rêve bleu qu’il faudra apprendre à concrétiser à petite échelle, par le transport de l’eau dans le Sud. Ce, avant de la vendre ailleurs.
James Ranary