![NUTRITION]()
Garantir la qualité des aliments cuits mis en vente dans les rues et particulièrement dans la capitale reste pour la Grande île un défi de taille. Une étude menée récemment par le Comité national du Codex alimentarius (CNCA), sur les aliments de rues, montre à quel point la situation est critique, notamment dans la capitale. L’absence de réglementation régissant ce domaine ne permet pas aux municipalités et aux ministères concernés de juguler ce problème qui peut être fatal aux consommateurs.
Les aliments vendus sur les bords des rues de la capitale et ses environs constituent un problème majeur de santé publique en raison de la multiplicité et de la diversité de la flore microbienne qu’ils véhiculent. Une évaluation de la qualité hygiénique des aliments vendus dans les rues de la capitale et ses environs a permis aux agents du CNCA de dresser un état des lieux de la situation qui prévaut actuellement en matière de contamination microbienne.
Les résultats de ces études ont été présentés lors d’un atelier qui s’est déroulé hier dans les locaux de l’Académie malgache à Tsimbazaza. Les représentants des différents départements ministériels concernés directement ou indirectement par la question de la nutrition, ont été invités à cet événement, visant à redynamiser les activités du CNCA. Créée en 2006, cette entité, sous tutelle du ministère du Commerce et de la consommation, a pour principaux objectifs de protéger la santé des consommateurs et de garantir la loyauté dans la pratique commerciale. Ses missions consistent à proposer et à adopter les normes du Codex alimentarius dans l’élaboration des normes nationales conformément aux analyses des risques effectuées.
Sur cette question, le CNCA vient de publier cette année les normes régissant la filière lait, comme l’a souligné son président, le Dr. Miraho Felaniaina Rajemiarimoelisoa. Selon notre source, le CNCA focalisera ses actions pour 2016 sur la définition des normes sur les additifs alimentaires, l’hygiène alimentaire, les résidus de pesticides et les empaquetages des aliments.
Contamination durant la préparation, l’étalage et le stockage
Pour en revenir à l’étude effectuée par le CNCA, l’évaluation concernait deux principaux aliments de rues parmi les plus consommés par les Tananariviens et les habitants des zones périphériques d’Antananarivo, à savoir le « koba ravina » et le « composé ». Les investigations sur les lieux de vente et les résultats des analyses microbiologiques ont révélé que les conditions d’hygiène ne sont pas respectées, aussi bien durant la préparation que l’étalage et le stockage. La propreté des ustensiles utilisés et des vendeurs n’est pas optimale.
Concernant le « koba ravina », les échantillons vendus dans cinq sites, à savoir Ankatso, Analakely, Mahamasina, Mahazo et Ambohimangakely ont montré la présence de différents germes pathogènes, comme le staphylocoque, les coliformes, quelques levures et moisissures… « L’analyse des « composés » vendus sur le marché jouxtant le terminus des taxis-be à Ankatso, a même montré un indice de contamination fécale mis à part les autres germes pathogènes identifiés », a indiqué Pr. Louisette Razanamparany du CNCA. En cause, entre autres, le fait que les matières premières sont mal lavées, surtout ceux qui ne nécessitent pas de cuisson lors de la préparation, comme les légumes crus, utilisés pour les « composés », ainsi que l’insalubrité du lieu de travail.
Actualisation de la loi alimentaire
A travers cette étude, le CNCA incite les autorités compétentes, les commerçants ainsi que les consommateurs à prendre leurs responsabilités à leur niveau respectif. Mais apparemment personne ne s’en soucie vraiment, y compris les consommateurs qui en sont les principales victimes. Même si l’insalubrité de l’endroit où les commerçants étalent leurs marchandises, est souvent constatée à l’œil nu, les clients affluent toujours puisque les prix de celles-ci sont conformes à leur pouvoir d’achat, sans tenir compte des dépenses qu’ils doivent engager en cas d’intoxication alimentaire.
Selon le CNCA, les aliments de rues permettent à plus de 80% de la population urbaine de s’alimenter à moindre coût. Raison pour laquelle des mesures strictes devraient être prises pour sécuriser les consommateurs face aux risques d’intoxication alimentaire due à l’ingestion de toxines microbiennes. « Cela devrait commencer par l’actualisation de la loi alimentaire du pays, datant de 1905 », a souligné le point focal national du CNCA, Lantomalala Raharinosy.
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