
Dès le début, plus d’un a déjà dit que ce sera difficile, maintenant tout paraît clair, c’est pratiquement impossible. L’engouement et les enthousiasmes des personnes à réconcilier après l’effet d’annonce du processus de réconciliation par le FFKM font place aux critiques et aux accusations. Pis encore et c’est incroyable pour les naïfs, trois anciens chefs d’Etat se sont retirés du processus. Une fois de plus, les sceptiques et les pessimistes à propos de la réussite de la réconciliation nationale sont en train d’avoir raison. De plus à observer les gestes et les attitudes des auteurs reconnus de ces péripéties, il est tout à fait compréhensible que plus d’un ne croit à cette réalité devenue un rêve. A vrai dire, les Malgaches ont perdu la foi en se fiant à des politiques qui dans le temps ont dirigé la nation.
Le processus est malmené et son initiateur, le FFKM est maintenant la cible de toutes les critiques. Les chefs d’église sont jugés comme des personnes non-indiquées pour mener jusqu’au bout la réconciliation. Ils sont pointés du doigt au même titre que les politiques. Et pour leurs détracteurs, c’est l’occasion à saisir pour dire que le FFKM n’arrive pas à distinguer la réconciliation de la politique. Il a passé la limite bien tracée de la laïcité de l’Etat. D’après eux, le FFKM fait carrément de la politique. En un mot, on essaie de faire porter le chapeau aux chefs d’église en cas d’un éventuel échec du processus.
Et ce dénigrement a atteint son summum suite à l’annonce des 200 mille ariary comme étant le droit de participation à la grande messe générale prévue le 28 avril à Ivato. Un appel à contribution qui a fait couler beaucoup d’encre. En fait, au lieu de reconnaître qu’effectivement, la réconciliation est pauvre au sens propre que le processus a besoin de financement et que seul le dévouement du FFKM est largement insuffisant et qu’il est temps de contribuer avec beaucoup de conviction, on préfère laisser pour compte le processus. Misérable réconciliation et fortunés réconciliables. Sans scrupule, la persévérance du FFKM ne mérite même pas un «coti quota».
En somme, tout ce que le FFKM a entrepris jusqu’à maintenant est insignifiant. Alors à qui profite le revers ? Il ne faut pas chercher loin. Cela saute aux yeux, il s’agit du Conseil de la réconciliation nationale (CRM) qui, aux dernières nouvelles, va organiser une conférence de presse demain. L’entité désignée et nommée ayant comme seule mission principale la réussite de la réconciliation. Et contrairement au FFKM, le CRM est doté de budget conséquent qui pourrait être alloué à une réconciliation restreinte ou élargie, à un processus urbain ou rural, selon le souhait des uns et la suggestion des autres. Sans aucun doute, la note ne sera jamais salée.
Essayons de positiver. Il est temps de redorer le blason et de faire mieux que les chefs d’église car ce n’est pas les moyens ni le temps qui manquent. Certes, l’habit ne fait pas le moine, mais on verra aussi si le fait de sortir de son silence en annonçant les vraies résolutions fera un tabac.
Andry Rabeson