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Chronique : la francophonie n’est pas la langue de la France

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Sommes-nous francophones ? Les manifestations organisées pour célébrer la semaine de la langue française offrent un élément de réponse : les institutions nous rappellent, si nous ne le savions pas, que nous appartenons à la grande famille des pays dans lesquels le français est pratiqué en tant que langue maternelle, officielle ou véhiculaire1. Ce que nous savons en revanche, c’est que maîtriser cette langue que nous avons du mal à qualifier d’étrangère est un critère d’identification sociale plus déterminant et plus cruel que tous les documents officiels.

Le français, une langue étrangère ? Allons donc ! Il coule dans nos veines depuis plusieurs décennies ; en cherchant bien, nous avons tous un grand-père ou un cousin éloigné capable de réciter quelques vers d’un poème en français. Il le fera probablement avec plaisir et sans amertume. Sur les ruines d’un pays qui s’effondre, les souvenirs liés à la langue française telle qu’on l’apprenait «avant» prennent des libertés avec la réalité. Nos aînés ne se sentaient pas francophones, ils voulaient parler la langue de la France, pays avec lequel nous entretenons toujours une relation particulière.

Aujourd’hui encore, nous ne sentons pas francophones. Pour bon nombre d’entre nous, la Francophonie se résume à un grand hôtel occupé par des invités prestigieux et peut-être quelques retombées financières sur notre pays aux abois. Peu nous importe que d’autres pays partagent la même langue que nous : être francophone, c’est une identité virtuelle comprise des

seuls initiés ou des francisants qui évoluent dans les milieux universitaires.

Dans nos expérimentations politiques, nous avons voulu rendre à la France ce qui lui appartenait. Le constat n’est un secret pour personne : le français est en perte de vitesse, il est sans aucun doute une langue étrangère pour la très grande majorité d’entre nous. Dans la rue, on ne parle plus la langue de la France avec autant de fierté, loin s’en faut, parce que nous traînons avec ce pays un contentieux émotionnel profondément inscrit en nous. Enfin, il est malvenu d’afficher son aisance dans une langue qu’on n’entend plus que dans des cercles privilégiés : c’est montrer que sur l’échelle sociale, on est un cran au-dessus des autres.

La semaine dédiée à la langue française n’est pas la réunion des nostalgiques d’un temps révolu, ni celle d’une élite portant le bilinguisme comme un étendard. Cette semaine nous propose une réflexion bien plus intéressante sur une nécessaire politique des langues dans notre pays, notamment la place qu’on accorde au malgache, dans toutes ses variétés dialectales.

Si cela nous permet d’assumer le malgache dans toute sa diversité, soyons donc francophones.

Kemba Ranavela

1Le petit Robert

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