Lanceurs d’alerte et dénonciateurs des faits et actes infâmes dans le même sac ! Si l’Assemblée Nationale adopte tel quel le projet du gouvernement, le Code de la Communication sonnera le glas du journalisme d’investigation et interdira toute révélation concernant des affaires scandaleuses. Façon d’organiser une niche d’impunité. Peine d’emprisonnement et condamnation à de lourdes amendes menacent quiconque qui se hasarde à déterrer du secret-silence les saletés qui peuvent éclabousser hauts responsables ou institutions et organes de l’Etat. La diffamation devient un acte de courage, initiative à haut risque pour dénoncer des situations et des actes peu honorables, au contraire de la calomnie, coupable procédé malveillant répandant des accusations mensongères.
Un autre vicieux tour de vis finit à étouffer la voix des professionnels du secteur en réduisant leur représentation à une minorité au sein de l’Autorité Nationale de la Communication Médiatisée. Les intérêts moraux de la profession perdent de leur valeur face à d’autres priorités que privilégient les représentants d’autres corps.
Une disposition aussi perverse encore tord le cou à la pluralité des opinions. Le code exige que le propriétaire en titre ou l’actionnaire majoritaire exerce la responsabilité de directeur de publication. Faire preuve d’objectivité conduit au constat que la propriété des plus importants groupes de presse sur la place (Express, Sodiat, Ultima Media, Midi) s’affiche d’une réelle transparence, ce qui n’est pas le cas des titres récemment apparus. Les patrons de presse déterminent la ligne éditoriale de chaque organe avec les directeurs de publication. Directeur de publication est une fonction que ne peut assumer nécessairement le patron d’un organe de média, de la même manière qu’il ne peut être ni au four du paoïste ni au moulin du caméraman. Passe encore ! Les objectifs visés par cette disposition peuvent entrainer des conséquences encore plus fâcheuses. Les détenteurs de capitaux risquent tout simplement de retirer leurs billes d’une activité qui permet tout juste d’équilibrer le budget. Très vite ne persisteront que les voix d’un seul maître pour communiquer une pensée unique. A moins qu’à l’exemple des derniers arrivés, les réels investisseurs ne se cachent derrière des prête-noms, une niche de plus pour faire travailler l’argent honteux.
Léo Raz