Après quelques semaines d’accalmie, le phénomène de kidnapping de Karana a repris de plus belle. Deux jeunes Indiens viennent d’être enlevés.
Le double enlèvement s’est produit dans la soirée d’avant-hier devant une pizzeria à Antanetibe Ivato. Une employée de la pizzeria a affirmé que le rapt n’a pas duré plus de cinq minutes.
«Les deux Karana sont arrivés séparément. Vers 19 h 20, le premier, avoisinant la vingtaine, a débarqué d’un véhicule 4×4. Il a commandé deux pizzas avant de prendre une chaise pour s’asseoir. Quelques minutes plus tard, l’autre Karana est arrivé, également en 4×4. Le premier a indiqué à son compatriote que la facture n’a pas encore été réglée. Ce dernier s’est alors présenté à la caisse pour s’acquitter de la note avant de rejoindre son ami qui était dehors. Sur ces entrefaites, un véhicule Renault Express est arrivé. Un fusil d’assaut à la main, l’un des occupants est sorti. Il s’est approché des deux Karana. Il leur a intimé l’ordre de monter gentiment à bord de l’une des voitures des Karana. Les autres bandits, également équipés de fusils d’assaut Kalachnikov et d’armes de poing, sont sortis de la Renault Express. Sous la menace des armes, les deux Karana n’ont eu d’autre choix que d’obtempérer. Ils sont montés à bord sans opposer de résistance», a expliqué l’employée de la pizzeria.
Les employés du restaurant ont affirmé que chacun des ravisseurs portaient des gilets pare-balles et se cachaient derrière des cagoules. Sitôt leurs proies neutralisées, les bandits sont partis en trombe en direction d’Ivato.
Du pain sur la planche pour les autorités
Alertés par un «pizzaïolo», des éléments de la brigade de gendarmerie de Talatamaty et du poste avancé de gendarmerie de Mandrosoa sont arrivés sur les lieux. Une dizaine de minutes plus tard, des proches des deux otages ont également débarqué à la pizzeria. Ils ont appris la mauvaise nouvelle grâce à un appel émis par l’un des otages, certainement sur ordre des ravisseurs. L’autre voiture 4×4 a été récupérée par les Karana, tandis que celle des kidnappeurs a été conduite à la gendarmerie. Pour l’heure, on ignore l’identité des deux jeunes enlevés. Rien n’a filtré au niveau des enquêteurs. On ignore également si une rançon avait été versée aux ravisseurs.
Ce double enlèvement survient dans un contexte politique tendu et bouillonnant. Il démontre une fois de plus que la situation sécuritaire au pays est encore très fragile. L’industrie du kidnapping est une filière qui rapporte gros et attire de plus en plus les partisans du moindre effort. Etant donné que la plupart des personnes enlevées à Madagascar sont des opérateurs économiques de nationalité étrangère, les investisseurs, tant locaux qu’étrangers, ont réagi et fait part de leur inquiétude car leur investissement n’est plus en sécurité. Ils réclament une meilleure prise de responsabilité des autorités. C’est donc une autre paire de manche pour l’équipe gouvernementale qui se veut être un gouvernement de combat.
Mparany