
Le Département d’Etat américain a publié, hier son rapport annuel sur les Droits de l’Homme. Madagascar est pointé du doigt pour la fragilité de son système judiciaire.
«Alors que le pays continue à bâtir sur les gains du retour à la démocratie constitutionnelle de 2014, le rapport prend note d’un nombre de sérieux abus sur les droits humains, des cas où l’Etat de droit a besoin d’être appliqué, et des menaces sur la liberté d’expression». C’est l’énoncé de la missive émanant de l’ambassade américaine, hier, rapportant la situation des droits de l’Homme à Madagascar suite à un rapport du Secrétariat d’Etat.
Selon l’ambassade, en effet, le rapport 2015 sur les droits humains met en relief les incidents d’abus des forces de sécurité, dont des exécutions extrajudiciaires et les violences populaires ou encore l’inefficacité judiciaire en évoquant notamment le cas de Johanfrince Bekasy. «La personne, accusée d’être un trafiquant de bois de rose a été libérée de prison et a pu quitter le pays bien que frappée d’interdiction de voyager», indique la note de l’ambassade américaine.
Lors d’une interview, en mars dernier, Luke Zahner, conseiller en charge des affaires publiques et culturelles auprès de l’ambassade des Etats-Unis avait déjà soulevé ce cas. «L’engagement le plus important à notre avis est d’ encourager le gouvernement à franchir des étapes pour redresser la situation (…). Il est inquiétant de constater qu’à chaque fois qu’un trafiquant est arrêté par le Bianco, celui-ci disparaît par la suite. Au contraire, il est indispensable de soutenir le Bianco. Nous pouvons commencer avec cela et permettre à cet organe de faire son travail sans intervention politique», avait-il fait remarquer.
Diffamation
C’est aussi le cas d’autres libertés fondamentales. «Un leader de mouvement de contestation a été battu par les forces de sécurité, sans qu’il n’y ait eu de sanctions à l’encontre des personnes impliquées ; et l’absence persistante d’un code de la communication pour protéger les journalistes et décriminaliser le délit de presse», assène l’un des partenaires du pays. Sur le dernier cas, le conseil des ministres qui s’est tenu à Iavoloha, à la veille du changement de gouvernement, avait mis en exergue l’examen du projet de loi y afférent durant la prochaine session ordinaire des élus.
La réaction de l’ambassadeur américain Robert T. Yamate n’a en tout pas tardé. «Les Etats-Unis ont soutenu, et continueront à soutenir toutes les parties prenantes qui se battent pour améliorer la redevabilité gouvernementale, qui défendent les libertés civiques fondamentales telles que le droit de protester paisiblement et de s’exprimer sans peur d’ un emprisonnement, et qui luttent contre l’impunité de ceux qui violent ces règles», a-t-il souligné dans un communiqué. Le diplomate américain ajoute par ailleurs que «Nous exhortons fortement le gouvernement et les citoyens de Madagascar à travailler ensemble pour renforcer la démocratie et l’Etat de droit dans toutes les régions du pays, et pour s’assurer que chacun à Madagascar jouisse des avantages politiques, économiques et sociaux d’une démocratie en bonne santé ».
Par ailleurs, d’après toujours les Américains, d’autres problèmes de droits de l’homme ont aussi été relevés, entre autres les actes d’intimidation de journalistes, les restrictions à la liberté d’expression et de réunion ; les discriminations sociétales et la violence contre les femmes ; l’abus sur mineur et le mariage précoce ; la discrimination contre les personnes vivant avec un handicap et la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuée (LGBTI) ; la traite de personnes ; et le travail des enfants dont le travail forcé des enfants.
J.P.