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Reflet de la semaine – Pêche en Afrique : une politique de gestion est de mise

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Photo2 Secteur pêche en Afrique

Les activités liées au secteur halieutique font vivre près de 10% de la population sur le continent africain, selon les chiffres de la Banque mondiale. Bien que le secteur n’ait pas une grande place dans l’économie des pays africains, (1,5% du PIB seulement), celui-ci a un impact direct sur les ménages africains. Raison pour laquelle les experts en la matière parlent d’une «économie invisible».

Le futur de la pêche en Afrique est de plus en plus incertain en raison de plusieurs difficultés auxquelles elle est confrontée. L’exploitation sauvage des ressources marines, les mauvaises pratiques perpétrées par les pêcheurs eux-mêmes, la prédominance de l’informel, la recrudescence de la pêche illégale…. Sont autant de problèmes qui sont actuellement sources de blocage pour le développement de ce secteur à haut potentiel sur le continent. La politique de la pêche en Afrique a plus que jamais besoin d’un cadre clair. Une bonne gouvernance et une gestion durable des ressources sont également indispensables.

Des organisations internationales telles la Banque mondiale, l’Union africaine, l’Usaid, l’Union européenne ou encore le Programme régional des pêches en Afrique de l’Ouest se sont mobilisées pour la promotion d’une gestion durable de ces ressources à haute valeur ajoutée pour la plupart des pays africains. Des représentants des médias des 54 pays d’Afrique ont alors été mobilisés autour d’un atelier de communication qui s’est tenu à Accra (Ghana) du 29 février au 4 mars dernier, pour une gestion durable des ressources halieutiques sur le continent.

Recrudescence de l’exploitation massive

La surexploitation des ressources halieutiques, non réglementée dans la plupart des cas prend de plus en plus d’ampleur en Afrique. Les chiffres officiels montrent en effet que 70% des ressources halieutiques sur le continent sont totalement exploités ou surexploités. Selon un rapport de l’Union africaine sorti en juin 2014, «le libre accès à la pêche africaine a entraîné une surexploitation des ressources, et en raison des prix assez élevés du poisson, il a conduit à la pêche excessive. Il y a aussi le problème de l’inadéquation des accords d’accès étrangers, avec une perte significative d’avantages pour les pays aux ressources adjacentes, en raison principalement de la médiocrité ou de la faiblesse des négociations des termes des accords». La richesse potentielle des ressources des pêches africaines est estimée à près de 2 milliards de dollars par an. Toutefois, on estime également qu’entre 2 à 5 milliards USD sont perdus chaque année en raison d’une mauvaise gestion.

A Madagascar, l’idée d’une surexploitation des ressources halieutiques reste encore floue, d’après l’ex-ministre des Ressources halieutiques et de la pêche, Ahmad, lors d’une rencontre avec la presse au mois de janvier dernier. Car aucun chiffre n’est encore disponible sur le taux de surpêche dans les eaux de la Grande île. Il n’existe pas non plus de chiffre exact sur la quantité des ressources halieutiques dans le pays. Toutefois, la surexploitation de concombres de mer sur la partie Est de l’île depuis l’année 2015 fait monter le ton chez les organisations environnementales et les communautés locales dans cette région. En effet, 40 tonnes de concombres de mer sont sortis illicitement de l’île Sainte-Marie, située à l’Est de Madagascar en l’espace de seulement quelques mois. Depuis, le gouvernement a sorti un décret interdisant la pêche, l’exploitation, la commercialisation et l’exportation de concombre de mer sur tout le territoire national.

Les mauvaises pratiques, un réel danger

Lors d’une visite du port d’Helmina, au Ghana, les pêcheurs ont fortement déploré la collecte massive de poissons effectuée par des bateaux étrangers. Suite à cela, une importante réduction des réserves de ressources halieutiques est observée dans ce pays, ces dernières années. Pourtant, la pêche fait vivre une grande partie de la population au Ghana, les pêcheurs sont alors contraints d’adopter des techniques dangereuses comme l’utilisation de dynamites ou encore les produits chimiques pour capturer les poissons. «Les pêcheurs utilisent les produits chimiques et les dynamites tout en sachant les risques encourus notamment par les consommateurs, en raison de la présence de ces bateaux chinois dans les eaux ghanéens qui accaparent toutes les ressources», a affirmé le vice-président des pêcheurs ghanéens, à l’occasion de l’atelier qui s’est tenu à Helmina. Les pêcheurs reconnaissent donc les risques liés à l’adoption de ces techniques, mais ils ne comptent toutefois pas laisser tomber. «Nous sommes conscients des inconvénients de ces pratiques, mais la situation sera catastrophique si on abandonne ces techniques, alors que nous avons notre femme, nos enfants à nourrir, mais tant que la surexploitation des ressources persistent, nous craignons de ne pouvoir survivre. Nous sollicitons actuellement l’intervention de l’Etat pour remédier à cette situation. Nous avons eu l’occasion de visiter Les Philippines où le secteur a pu progresser grâce à l’intervention du gouvernement. Ils n’utilisent plus à utiliser les dynamites actuellement. Si la situation perdure, nous serons contraints d’immigrer dans d’autres pays comme en Côte d’Ivoire ou au Nigéria et nous allons continuer à user des mêmes techniques qui menacent pourtant les ressources halieutiques. Voilà pourquoi nous avons besoin du soutien du gouvernement ghanéen», a poursuivi notre interlocuteur.

Un cadre régional

Le cas du Ghana n’est pas isolé, le secteur pêche est en crise dans plusieurs pays africains. Une bonne gouvernance et une gestion durable des ressources sont indispensables actuellement. «Plusieurs organisations se partagent les responsabilités pour la pêche durable sur le continent africain. Les opportunités sont énormes, mais il est nécessaire de mettre en place des cadres régionaux pour la gestion de ce secteur en Afrique. La pêche illicite continue d’avoir cours dans plusieurs pays du continent, à l’exemple de la République du Ghana. Il s’agit d’un problème irrésolu pour le secteur», a fait savoir Mohamed Seisay, représentant du Bureau interrégional des ressources génétiques animales de l’Union africaine (AU-Ibar). Plusieurs organisations se mobilisent actuellement pour appuyer ce secteur sur le continent. «La Banque mondiale a consacré une portefeuille de 170 millions de dollars pour soutenir le secteur pêche en Afrique. Selon les études menées par cette institution, l’impact direct de la pêche sur l’économie des pays africains est encore assez faible, mais cela contribue beaucoup à l’amélioration des conditions de vie de nombreux Africains, vu que 10% de la population africaine vivent des activités liées à la pêche», a avancé Peter Kristensen, responsable du programme environnemental et des ressources naturelles auprès de la Banque mondiale.

Il est temps actuellement de mettre en place, au niveau national et sous-national, des dispositifs décisionnels et institutionnels qui veillent à ce que la contribution sociale générée par les secteurs d’activités économiques africains ait les plus grands impacts sur ceux qui en ont le plus besoin, estime l’Union africaine.

Page réalisée par Riana R.


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