Encore heureux que la connerie n’étouffe pas, on s’en asphyxierait de vanter par trop souvent l’arsenal des lois pour mieux stigmatiser les libertés que s’autorisent les rois républicains dans l’application de nombreuses dispositions légales, jusqu’à ériger en méthode l’interprétation libertaire des lois et à créer ainsi une sorte d’état de droit faux-cul. La banalisation de pareils spectacles pathétiques enfume le sens critique, on en oublie et même ignore que dans l’ensemble des lois sommeillent des mines, faisant de cet arsenal une poudrière. Si les inconséquences pouvaient péter à la figure. L’inconséquence n’explose pas comme une bombe, mais mise à nu son spectacle gèle l’atmosphère comme si du pôle « ridicule » venait souffler un vent glacial.
Ridicules cérémonies du 8 Mai
A qui la faute ? A Kemba Ranavela, qui dans « Les Nouvelles » évidemment, à cette même page, a allumé la mèche sur la poudrière des inconséquences de nos lois. Halte à la résignation, foin de cette compensation à vouloir se satisfaire de la possession d’une bonne réserve de bonnes lois dont on réserve la critique aux seules applications. Nous avons notre lot de lois scélérates ! En adressant une simple lettre ouverte au Président de la République Kemba Ranavela a ôté de leur valeur les cérémonies en célébration de la Journée des Droits des Femmes. Droits ? Terrain miné, parsemé de mines individuelles, il a suffi à l’impertinente d’en déterrer quelques-unes pour qu’explosent les vertus des manifestations qui disent œuvrer en faveur d’une égalité des droits de la personne entre femmes et hommes. Les femmes transmettent la vie, mais elles sont flanquées d’un handicap légal pour transmettre pareillement que les hommes la nationalité à ceux qu’elles ont enfantés. Ridicules a posteriori toutes les célébrations présidées par ces dames de la haute société, cérémonies où l’on chante les perspectives d’un bel avenir et de respectables responsabilités pour les femmes alors que l’on zappe volontairement ou par ignorance la dénonciation du statut de demi-citoyen que les lois leur réservent. Coup d’épingles aux fesses de ces dames qui s’agitent en chantres ou que l’on agite comme poupées en témoignage pour chanter un hymne au progrès.
L’an prochain les célébrations risquent de prendre une autre tournure, même si quelques-unes acceptent toujours d’être les complices d’une mascarade qui n’ont de dessein qu’à mieux farder leur soumission à une lutte pour le maintien de leur genre dans un statut de sous-homme. Par contre la revendication émise pour la suppression d’une journée de congé uniquement pour les femmes n’obtient peut-être pas l’unanimité des suffrages. Et pourtant ! Quelle inconséquence d’opérer par une ségrégation alors que l’on clame en objectif vouloir gommer les inégalités, de plus quelle outrecuidance d’entreprendre une opération de séduction en faisant l’aumône d’une journée particulière. Initiative dénonciatrice d’un état d’esprit rétrograde.
Révolu le temps des machos, réveillez-vous les mecs ! Vous aussi les femmes ! Peut-être que le combat réclame une autre stratégie que d’aller en ordre dispersé, en face l’ordre établi possède tant de ressources pour se protéger. Il faut se rendre à l’évidence que parmi la gent masculine nombreux ne sont pas de simples alliés mais des convaincus disposés à mener un combat actif pour la cause de l’égalité, que de l’autre côté certaines femmes par complicité active ou passive contribuent au maintien du statuquo par leur participation à des opérations castratrices de toute chance d’opérer un changement.
Passe le temps des mesurettes, vivent les péplums
La population s’impatiente du changement, les choses ne bougent pas. Grandes gueules à petits bras n’impressionnent plus personne. Il faut ce qu’il faut à ce qu’il faut, du grand spectacle. Les dahalo continuent à narguer. Pour en finir avec ce phénomène les grands stratèges de la République préparent un grand coup. Une communication précoce risque toutefois de désamorcer à l’avance l’efficacité, fini l’effet surprise de l’opération, en même temps que le public les dahalo en sont informés. Leur mobilité leur permettra soit de déserter les endroits ciblés par les forces publiques, soit d’y dresser des guets-apens. Simple bon sens qui ne réclame pas que l’on soit sorti de Saint-Cyr. C’est que le bon sens a perdu la cote à la bourse de la gouvernance. On adopte même une détermination à vouloir en prendre le sens inverse du bon sens.
Inévitable exemple à ce propos, le recours aux maîtres-Fram. Dans le dessein de relever la qualité de l’enseignement dispensé dans les écoles publiques, on procède à un recrutement massif d’enseignants mais on a coupablement baissé le niveau de recrutement. Contribuer à une élévation en multipliant la médiocrité : seuls de vrais médiocres peuvent croire en cette solution et peuvent oser la faire avaler à la population.
Que ne tergiverse-t-on pas aussi avant de décider sur l’opportunité ou non d’un changement de gouvernement. Une fébrilité en raison de l’incertitude sur leur sort paralyse les membres du gouvernement. Chacun des mouvements prête flanc à la critique, la solidarité vole en éclats à cause d’intérêts divergents, à tout moment les contradictions menacent de provoquer des scandales. Le procès de Singapour à propos du trafic de bois de rose portant sur quelque 30.000 rondins, commence à brûler les doigts du pouvoir, plus ses représentants interviennent pour jouer les pompiers plus ceux-ci attisent le feu, les affirmations d’une chose et de son contraire dénoncent un mensonge quelque part. Pourquoi de telles cachoteries, alors que ça ne concerne qu’une bagatelle de quelques centaines de milliards d’ariary. Des profits qui déplacent des montagnes, la preuve ça a déplacé un ministre à Singapour sans retour d’investissement des dépenses pour ce déplacement, à moins que les frais aient été à la charge de l’accusé et la déposition du ministre à sa décharge.
Léo Raz
