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Chronique : Divagations à propos de 2015 – Autre énième année de transition 

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Formuler des vœux pour la nouvelle année constitue une tradition bien enracinée. Et pourtant, au-delà des apparences de mise en la circonstance, les cérémonies n’émoustillent plus. En présence d’une médiocrité de la réalité on prend la mesure de l’éloignement de la coupe aux lèvres. Le spectacle désolant du quotidien tiédit et affadit le goût des délices que prétendent apporter souhaits et toasts, les formulations sonnent creux de vœux pieux.

2015 : une forêt sans clairière
Il aurait bien aimé trouver une clairière pour ressourcer d’un peu d’oxygène le bilan de l’année qui s’achève sur un constat de paralysie des gouvernants et d’une asphyxie de la majorité de la population. Le Chef de l’Etat aurait préféré présenter le pays sous un autre profil, mais à partir de la réalité catastrophique il est difficile de présenter une image flatteuse. Madagascar a vécu dans une sorte de léthargie pour cause d’inertie, malheureusement quand rien ne bouge tout se dégrade. Nombreux sont les gens qui ont le sentiment d’avoir vécu plus de difficultés en cette année qu’en 2014. Que l’on se rassure 2015 ne fait pas en cela une exception, depuis des lustres c’est la même rengaine. La régression prolonge une continuité ravageuse, l’état des lieux empire en conséquence, naturellement plus on avance dans le temps plus on recule de niveau. Les coupures de distribution de l’énergie électrique et le rationnement de l’eau courante dans des quartiers sélectionnés illustrent un retour en arrière dont les gens au pouvoir aujourd’hui comme précédemment sont incapables d’inverser le mouvement. L’eau et l’électricité servent de symboles, mais dans le genre il y a pires témoignages dénonciateurs : l’état des chaussées sur le réseau routier autant que l’état des rues dans les villes, l’escalade de violence avec débauche de scènes de cruauté dans un cadre général d’insécurité galopante, l’état de guerre dans le Sud constituant un problème à part sans avoir connu de trêve autre que le mauvais spectacle d’une mise en scène de reddition de faux-repentis. Même la politique de mendicité joue les filles de l’air : dons, aides, prêts chaque jour annoncés acquis dans le principe, avec le  déblocage des fonds sans cesse renvoyé à demain, et ce demain 2015 ne l’a pas été.
Au milieu d’une forêt d’une telle densité de déconvenues, de faux bonds, de non-réalisations, que pouvait dire le Président ? Qu’il se tût ou bien qu’en désespoir il sût trouver les mots pour culpabiliser le reste du monde. Pas folle la guêpe, la corde des promesses est usée, le peuple n’a plus besoin de singe savant pour dresser le bilan, chacun voit et en vit la réalité au quotidien.
Le Président n’a pas échappé à l’obligation de sa fonction, s’adresser à la nation, une partie du public l’a perçu comme s’il exécutait cette obligation non seulement comme une simple formalité mais comme un pensum. Il a pourtant frisé le chemin de la rédemption, en parlant des épreuves de l’année qu’il aurait pu présenter comme une traversée du désert. Une fois encore cela n’aurait pas suffi, d’y être rompue depuis longtemps la population en sait la pénibilité. La population attend d’en connaître les causes afin de pouvoir espérer en sortir. Elle a une intuition sur les raisons de l’enlisement, des raisons inhérentes à la gouvernance, et si elle appelle de tous ses vœux au changement elle a une vague idée quant à la nécessité d’une transformation de l’état d’esprit pour entreprendre ce changement.

2015 : clôture sur une flexion connue
On aurait pu espérer des élections sénatoriales une aubaine pour effectuer une démonstration d’un redressement de pénitent, réussir des élections de grande pureté au-dessus de toute contestation. Tel n’est pas le cas. S’agissant pourtant d’organiser le vote par de grands électeurs, vu le nombre réduit de ceux-ci l’épreuve aurait pu ne présenter ni plus ni moins de difficultés que celles d’un exercice en laboratoire. Or justement l’exercice en laboratoire comme à travers des loupes grossissantes a permis au public de distinguer in vivo la grossièreté des maladresses pour effectuer des manipulations douteuses. L’examen a fait démonstration de l’inverse : qui ne réussit le moins ne saurait prétendre à une capacité d’organiser plus propre des élections à plus grande échelle, la Ceni a loupé l’épreuve de qualification.
Ça promet pour l’avenir, lorsque l’on prend en conscience que le discrédit des élections constitue le ver du pourrissement à la base des explosions de crises chroniques. Ces élections en clôture de 2015 ne présagent pas ainsi d’un climat paisible en 2016. Des vents violents menacent de se lever, de balayer le système établi, d’enrayer par davantage de sable la mécanique souffreteuse sur cette interminable traversée de désert déjà suffisamment pénible par elle-même.

Léo Raz

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