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Madagascar il y a 100 ans : encore les tavy (1)

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On nous écrit :

Dans votre vaillante feuille vous avez signalé les dommages incalculables que l’usage des tavy fait souffrir à notre richesse coloniale, et tout en félicitant M. Garbit des instructions précises qu’il a données pour mettre fin à cet usage, vous vous montrez pessimiste sur la façon dont ces instructions seront suivies, ajoutant que cet usage ancestral trouverait son appui et sa meilleure protection auprès de ceux chargés de le combattre. Sûrement vous ne pensiez pas dire aussi vrai.

Je vais vous conter ce qui se passe, moi qui vis au milieu d’eux et me sers d’eux comme ouvriers.

À chaque paie qui est faite à ces derniers, j’appelle un employé de l’Administration, qui, la paie terminée, perçoit de chaque ouvrier la quote-part d’impôt dont il est redevable envers le fisc.

Généralement, après quelques petites dettes payées au Chinois, il reste encore quelque argent à cet ouvrier, qui s’empresse de ne revenir au chantier que quand il a fini d’épuiser cette somme.

Les employeurs sont fait à cette coutume ancestrale elle aussi, et ils en prennent leur parti.

Mais voici venir l’époque des tavy. C’est pour eux une occasion de fêtes pendant lesquelles ils boivent du betsabetsa tant qu’ils ont de l’argent ou qu’on veut leur faire des avances. Malgré les instructions formelles du chef de la colonie, ils trouvent toujours un chef de district, au cœur assez sensible, qu’ils réussissent à attendrir en lui affirmant qu’ils mourront de faim si on leur refuse de faire un tavy. Alors, sans scrupule, ils mettront le feu à une grande étendue de forêt, pour planter en riz une surface grande comme un mouchoir de poche. Pendant que le riz pousse, ils vivront d’expédients, d’emprunts sur la récolte, et même de vols chez les voisins.

Dès que le riz commence à pouvoir être mangé, ils en feront une telle consommation qu’il n’en restera plus un grain à l’époque où il pourrait être récolté après maturité. Tout cela aura demandé de 4 à 5 mois pendant lesquels mon chantier aura été désert et mon exploitation gravement compromise. Pendant ce même temps, le fisc, comme sœur Anne, a regardé en vain si les fonds rentraient dans sa caisse.

(À suivre.)

Le Tamatave

www.bibliothequemalgache.com


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