Quantcast
Channel: Newsmada
Viewing all articles
Browse latest Browse all 70731

Education nationale : le système nécessite une refonte totale

$
0
0
EDUCATION

Andrianirina Rakotoson a derrière lui 40 ans d’expériences dans l’éducation nationale, dont plus de la moitié en tant que Conseiller pédagogique (Consped). Une spécialisation qu’il a décrochée en Belgique. Actuellement, il est toujours dans le domaine en tant qu’enseignant à l’université de Maninday-Toliara. Il nous donne aujourd’hui son impression sur le système éducatif à Madagascar en tant que technicien, comme il le précise.

Les Nouvelles : Quelle est votre impression sur le système éducatif actuel à Madagascar.

Andrianirina Rakotoson (-) : Le système a besoin d’une refonte totale si on veut vraiment aboutir à un développement économique efficace et durable. Il n’y pas de production valable, base de toute économie forte, sans accorder de l’importance à la qualité du travail et par ricochet du producteur. Un producteur issu d’une éducation orientée et d’une formation adaptée aux besoins du développement de son pays. Or, malheureusement ce n’est pas le cas pour le pays avec le système éducatif que nous avons dupliqué du système français, qui entretemps a déjà été changé au moins trois fois, nous n’en sortirons jamais. Les pays émergents comme le Brésil et l’Inde ont déjà reformé leur système éducatif depuis les années 80. Et ce n’est que maintenant qu’ils récoltent les fruits de leurs investissements, c’est-à-dire 30 ans après. Il n’est donc pas étonnant s’ils arrivent actuellement à un tel stade de développement économique. Avec le système en vigueur jusqu’ici, on n’aboutira qu’à des produits élitistes. C’est-à-dire un système basé sur des évaluations certificatives et diplômantes qui ne répondent pas du tout aux besoins et aux attentes des entreprises qui sont la base du développement.

Par exemple il y eut la ruée vers la sociologie dans les années 80 et vers la gestion un peu plus tard, et dernièrement vers la communication.  Tout cela pour aboutir à la situation actuelle, celle des diplômés chômeurs qui deviennent par la suite des «analphabètes informels». Si nous persistons à adopter notre système actuel, nous ne ferons qu’amplifier le nombre de rebuts scolaires comme les redoublants, ceux qui abandonnent sans avoir achevé leur cursus et les chômeurs.

A vous entendre aucune vraie réforme n’a été entreprise jusqu’ici.

– Les pouvoirs qui se sont succédé ont travaillé uniquement sur la forme et non pas sur le fond. Certes, il y eut des réformes, mais elles étaient plutôt des réformes quantitatives et non pas qualitatives. On n’a jamais considéré en parallèle ni la réforme pédagogique, ni celle des enseignants. Les efforts déployés sont plutôt orientés vers la réhabilitation et/ou la construction de nouvelles écoles au niveau des provinces et des régions lors de la deuxième République, lorsque le concept de décentralisation de l’éducation était en vogue à l’époque. Ensuite le slogan «Education pour tous» vit le jour. Là encore, la réforme quantitative persiste avec la mobilisation massive des enfants malgaches en âge d’être scolarisés. Cela sans qu’aucune mesure d’accompagnement palpable ne soit engagée par la suite. Avec le recrutement actuel des maîtres-Fram en tant que fonctionnaires, cette réforme quantitative se poursuit. Des maîtres-Fram dont les compétences laissent franchement à désirer.

Qu’entendez-vous donc par refonte du système ?

– Avant de basculer dans cette refonte, je préconise d’abord la priorisation de l’état des lieux pour évaluation et définir ensuite la loi d’orientation pour le profil du futur produit, c’est-à-dire l’élève qui deviendra plus tard le travailleur producteur de qualité. Les pouvoirs qui se sont succédé ont toujours mis de côté cette refonte du système du fait qu’elle est «budgétivore». Toutefois j’aimerais emprunter ici l’adage du célèbre écrivain malgache Emilson Daniel Andriamalala «Ny Firenena manao ambaninjavatra ny fanabeazana dia Firenena mivarilavo», littéralement, le pays qui néglige l’éducation est un pays en décadence. Tout repose donc sur la volonté politique de l’Etat. Il est ainsi impératif que l’on commence dès maintenant, car les résultats ne seront pas palpables du jour au lendemain. Il a fallu au moins une vingtaine d’années pour les pays émergents comme le Brésil, l’Inde et la Chine pour aboutir à leur niveau de développement actuel. Cela, bien sûr, après avoir réalisé la refonte totale de leur système éducatif.

Propos recueillis par Sera R.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 70731

Trending Articles