
Nombreux au sein de la population, empêtrés dans les difficultés du quotidien n’ont plus le loisir ou n’osent plus envisager la question de quoi sera fait demain. On ne peut leur reprocher cette attitude irresponsable. Comment et pourquoi en effet vouloir considérer les lendemains quand sur l’immédiat du jour on ne possède ni maîtrise ni influence ? Penser au développement apparait-il sérieux alors que de l’impression générale se dégage une inaptitude à freiner une régression ?
C’est vrai que pour mettre fin à cette tendance à davantage reculer plutôt qu’à avancer, il est nécessaire de dresser un état des points de faiblesse, au moins pour éviter de récidiver de façon chronique dans les mêmes travers. Travail de longue haleine ! On ne finirait pas de faire la liste des erreurs, bêtises et autres turpitudes. A ce propos la population possède toute une litanie de reproches que les uns et les autres peuvent débiter sans même s’y être préparés, ce n’est pourtant pas le rôle du citoyen. Une cacophonie n’est pas le signe d’un bon fonctionnement d’une saine démocratie. Le débat est indispensable et doit être permanent, mais il requiert un minimum d’organisation autre que l’espace informe dans lequel se complaisent des polémiques stériles trompeuses sur une idée de liberté d’expression.
Il appartient au personnel politique de faire la part des choses par une sérieuse réflexion et de présenter une alternative en rapport à ce qui est. Cette idée n’innove pas, ce n’est que la reprise de l’idée de ce changement toujours promis sans cesse remis à plus tard. Cet éternel « plus tard » menace pourtant à la longue de se muer en un « trop tard ». Plus le temps passe plus cette échéance approche. Rien ne permet de la reculer ni de ne pas la craindre pour demain. La classe politique reste toutefois aveugle et sourde, tous les acteurs n’ont de soucis que de manœuvrer pour ou contre une alternance selon la position qu’ils occupent à se trouver dans le camp du pouvoir ou dans l’opposition. La majorité multiforme au sein du parlement est révélatrice d’une nouvelle manière de combattre pour cette seule cause égoïste en faveur ou en défense d’une alternance. La peur qu’éprouve le peuple se justifie du fait que de cette seule préoccupation à propos d’une alternance « épée de Damoclès » il n’y a pas de place à penser à une alternative. Un leurre de croire que la sortie de la dernière crise a exorcisé de toute éventualité d’une autre fuite en avant.
Farra Rabary