
Les besoins dépassent largement les moyens. Le capital nécessaire pour l’optimisation de la gestion des 140 Aires protégées (AP) de la Grande île s’élève à 200 millions de dollars alors que la somme disponible sur le fonds de la Fondation pour les aires protégées et la biodiversité de Madagascar (FAPBM) n’est actuellement que de 52 millions de dollars.
Faute de moyens, seulement 30 AP sur 140, soit 3 millions d’hectares sur les 6 millions estimés dans toute l’île bénéficient d’un appui financier. Ceci à raison de 50.000 à 60.000 dollars par an par site. Alors que, compte tenu de la pauvreté, les pressions sur les ressources naturelles ne cessent de s’aggraver. Selon les informations recueillies, bon nombre d’entre elles se trouvent actuellement à haut degré de menace, si on ne cite que celle de Masoala, du Complexe Mahavavy-Kinkony, de Midongy-Atsimo …. C’est ce qu’on a appris hier lors d’une rencontre avec la presse, organisée hier par la FAPBM à son siège à Antsakaviro.
En se référant à ces réalités, cette fondation, reconnue d’utilité publique, fait actuellement face à un défi de taille quant à la recherche de financement pour que l’ensemble des aires protégées bénéficient d’un financement de sa part pour optimiser leur gestion et diminuer les pressions sur les ressources naturelles. Mis à part le plaidoyer auprès des bailleurs de fonds étrangers, la FAPBM promeut la participation des citoyens malgaches, ne serait-ce que symbolique, dans l’atteinte de cet objectif dont les retombées seront bénéfiques pour tout un chacun, si on ne cite que le cycle de l’eau qui dépend de la présence de ces AP.
Un compte bancaire est déjà disponible pour cette cause mais le directeur exécutif de la FAPBM, Gérard Rambeloarisoa, a fait savoir que la Fondation compte faciliter la contribution de la population malgache en utilisant les transferts de crédits via les téléphonies mobiles. Une collaboration avec les opérateurs téléphoniques locaux dans ce sens sera conclue dans les jours qui viennent. Comme toujours, la FAPBM peut garantir la transparence de la gestion des fonds qu’elle gère.
Trois priorités
D’après Gérard Rambeloarisoa, les actions de la FAPBM portent notamment sur le financement des coûts liés à la gestion des sites, conformément aux priorités nationales. Forte de ses 10 ans d’expériences, elle se penche aussi sur les projets qui visent à réduire les pressions sur ces aires. Cela tout en répondant aux besoins des populations locales. Pour mener sa mission à bien, la Fondation fixe trois priorités.
La première concerne l’augmentation du capital pour atteindre la somme estimative de 200 millions de dollars. La deuxième sera axée sur l’amplification de la conscientisation, de la communication et de la formation des communautés locales. Une communauté en situation précaire qui a toujours tendance à s’approvisionner auprès de ces aires protégées, et finira par la suite par les détruire. «A ce sujet, il ne faut pas oublier qu’il y a toujours interdépendance entre l’existence des AP et leur protection, ainsi que la vie de la population riveraine», a fait savoir notre source. La troisième priorité concerne le renforcement des capacités des acteurs.
Notons que sur les 30 aires protégées financées par la FAPBM, 18 sont gérées par Madagascar national parks (MNP) et le reste, soit 12 nouvelles aires protégées (NAP), par d’autres gestionnaires privés. Les bénéficiaires de financement doivent répondre à des critères stricts conformes à la planification initiale. En cas de non-conformité des actions entreprises par rapport à celles qui ont été prévues, les concernés doivent rembourser les sommes déjà encaissées. Par-dessus tout, la FAPBM ne tolère aucun cas de détournement des fonds alloués à leur gestion. Le cas échant, l’annulation du contrat de financement n’est pas à écarter, comme c’est le cas d’un site qui vient d’être retiré de la liste des bénéficiaires de financement suite à la mauvaise gouvernance de son gestionnaire.
Fahranarison