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Culture de rente : dégradation de la filière cacao

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La filière cacao à Madagascar traverse d’importantes difficultés cette année. Les conditions climatiques ne sont pas favorables à la culture de ce produit de rente. De plus, la cueillette précoce des fèves entraîne une forte baisse de la qualité du cacao à Ambanja, principale zone de production de ce produit à Madagascar.

Une importante baisse de production du cacao a été enregistrée au cours de la dernière  campagne dans le nord de l’île, et la prochaine campagne ne sera pas non plus meilleure, selon les prévisions des opérateurs dans cette filière. Les mauvaises conditions climatiques en sont la principale cause. Ambanja, principale zone de production du cacao de Madagascar a connu deux inondations au cours de la dernière période des pluies en début d’année, ce qui a causé la perte d’une grande partie de la production. Par ailleurs, la culture de cacao dans le pays traverse actuellement le cycle bas, une autre raison qui explique cette baisse de la production. En effet, Madagascar produit au maximum 7 000 tonnes de cacao par an, ce qui ne représente que 3% de la production mondiale qui s’élève à 3 400 000 tonnes en 2014. La qualité du cacao produit à Madagascar est toutefois considérablement appréciée sur le marché international, notamment pour son goût acide que ne possèdent pas les autres variétés de cacao produites en grande quantité dans des pays comme les Pays-Bas ou la Côte d’Ivoire.

Dégradation de la qualité

Mais il n’y pas que la production qui soit en baisse, la qualité du cacao de Madagascar connaît également une forte dégradation. Selon les explications de Hery Andriamampianina, un opérateur dans cette filière, « on constate actuellement une forte dévalorisation de la fève de cacao dans la Grande île. Si le pays produit 6000 à 7 000 tonnes de cacao par an, seules 1000 tonnes de cette production sont de bonne qualité, le reste est transformé en beurre de cacao en raison de la mauvaise qualité ». En effet, les paysans producteurs dans le Nord ne maîtrisent pas toujours la méthode de fermentation du cacao, malgré les cycles de formation qu’ils  ont pu suivre ces dernières années. Après la collecte des fèves, celles-ci doivent être placées dans un endroit sec et hermétique durant environ six jours. Seulement les paysans s’impatientent à les vendre et ne respectent pas toujours ce délai de six jours nécessaire à la fermentation. Dans cette condition, la fève n’atteint pas l’arome recherché pour avoir une bonne qualité aromatique, expliquent les experts en la matière.

Méthode de sèchage non maîtrisée

A part cela, les fèves de cacao sont aussi souvent mal séchées. Le cacaoyer produit des fèves toute l’année, mais on distingue deux saisons à Madagascar, durant lesquelles la production est beaucoup plus abondante. La première saison se situe entre les mois de juillet et août, et la seconde entre octobre et décembre. C’est durant la saison d’octobre-décembre que la production atteint le niveau maximum. Malheureusement,  cette période coïncide avec la saison des pluies. La période de séchage des fèves devrait donc durer beaucoup plus longtemps. Mais là encore, les producteurs s’empressent à vendre les produits. Par ailleurs, la recrudescence des vols est un autre facteur à l’origine de la dégradation de cette filière à Madagascar. Pour faire face à ce phénomène, les paysans producteurs collectent les fèves sans attendre leur période de maturité.

Redressement en cours

Les opérateurs et le gouvernement comptent actuellement redresser cette filière. La réhabilitation des 60 Km de route qui relie le district d’Ambanja à Soanierana est prévue être effectuée dans le cadre de la deuxième phase du projet Pôles intégrés de croissance (Pic) pour faciliter l’écoulement des produits. Par ailleurs, une plantation de 100 000 pieds de cacaoyer est également prévue dans le district de Brickaville, vu que les terrains de culture à Ambanja ne sont plus extensibles en raison de sa situation géographique. Ce projet sera réalisé en collaboration avec le Programme de promotion des revenus ruraux (PPRR)  En effet, Ambanja est situé entre la mer et la montagne. Selon les explications d’un opérateur, la culture de cacao à Brickaville est tout à fait faisable, car toutes les conditions sont réunies pour avoir du cacao de bonne qualité.

Pour la petite histoire, le cacao a été introduit pour la première fois à Madagascar dans le district de Brickaville vers les années 1900. Mais suite à la crise sucrière dans la métropole en ce temps là, les colons ont remplacé les cacaoyers par des cannes à sucre.

On recense trois variétés de cacao à Madagascar, à savoir le Criollo reconnu pour son arôme prononcé et sa faible amertume ; le Forastero dont les fèves sont utilisées pour produire du cacao amer aux arômes légèrement acides ; et le Trinitario.

Georges R.


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