L’édition 2015 des Jeux des Îles n’en finit pas de faire couler de l’encre, pour le meilleur et pour le pire. En marge des épreuves, un membre de la délégation malgache, l’arbitre de judo Lanto Olga Raveloarilala a trouvé un sac au restaurant du village des Jeux et l’a rendu à son propriétaire, un compatriote, sans y avoir prélevé quoi que ce soit. C’est pour le journaliste* qui rapporte l’anecdote, un comportement exemplaire que peu de gens auraient suivi… Sommes-nous tombés si bas pour qu’on suppose normal, au sens d’habituel et fréquent, de prélever sa commission sur un acte a priori gratuit ? Laissons cela aux pseudo-gardiens de voiture qui font la circulation et la loi dans les rues et quémandent un billet pour faire office de rétroviseurs auprès des conducteurs paresseux.
Les épreuves du baccalauréat de l’enseignement général débutent lundi avec leur lot habituel de précoces et de génies qui défient tous les acquis des connaissances en psychologie de l’enfant et de l’adolescent, et accessoirement tous les principes de bon sens. La plupart de ces malheureux candidats, exhibés par leurs parents comme des bêtes de foire, sont envoyés à l’abattoir et vont alimenter le vivier des recalés qui se demanderont longtemps pourquoi le sort s’acharne sur leur personne. Peut-être certains obtiendront-ils le fameux sésame qui ouvre la porte des études supérieures ; la majorité se cassera les dents sur les examens universitaires, faute de maturité, d’esprit critique et de faculté d’abstraction assez rares chez les adolescents pré-pubères.
La benjamine mérite toute notre attention, pardon notre compassion. Elle s’était présentée l’année dernière et, par chance elle avait échoué : c’est ce qu’on pouvait souhaiter de mieux à cette enfant de 10 ans, n’en déplaise à ses parents. Il est temps que des enseignants, des psychologues et des médecins interpellent les institutions pour qu’un âge minimum soit imposé, pour leur bien, aux candidats qui se présentent aux examens nationaux. Il ne faut pas qu’une malheureuse enfant de 11 ans devienne un exemple à suivre.
Dans un autre registre, la prestation de Didier Ratsiraka est aussi digne d’intérêt. Nous n’avons plus de ces hommes qui savaient théâtraliser leurs apparitions et scénariser leurs discours. Nonobstant (il affectionnait ces termes qu’on ne sait même plus trouver dans le dictionnaire…) le bilan de ses mandats qui n’ont pas brillé par leur efficacité, on lui reconnaît une présence qui fait cruellement défaut chez nos fades politiques. Dans la catégorie derniers des Mohicans, indéniablement, il a été exemplaire.
Kemba Ranavela